Benyamin Netanyahou et la crise politique en Israël : entre impasse électorale et survie politique

Depuis plusieurs années, Benyamin Netanyahou a été au centre d’une série de crises politiques qui ont ébranlé la stabilité d’Israël. Entre les élections répétées, les coalitions fragiles et les accusations de corruption, Israël a traversé une période d’incertitude politique sans précédent. Netanyahou, connu pour sa capacité à manœuvrer et à déjouer ses adversaires, a réussi à maintenir son influence, malgré les nombreuses tentatives de l’écarter du pouvoir. Cet article explore la crise politique actuelle en Israël, son impact sur la démocratie israélienne, et la manière dont Netanyahou a utilisé cette crise pour assurer sa survie politique.

Les élections à répétition : un symptôme de l’impasse politique

Entre 2019 et 2021, Israël a organisé quatre élections législatives en l’espace de deux ans, un phénomène sans précédent dans l’histoire du pays. Ces élections successives sont le résultat d’une impasse politique dans laquelle aucun bloc, ni celui dirigé par Netanyahou, ni celui de ses opposants, n’a réussi à obtenir une majorité stable à la Knesset, le parlement israélien.

Le système électoral israélien, basé sur la représentation proportionnelle, a rendu la formation de coalitions gouvernementales particulièrement difficile. Netanyahou, qui dirige le parti Likoud, a tenté à plusieurs reprises de former des gouvernements avec ses alliés de droite et religieux, mais a souvent échoué à obtenir une majorité claire. De l’autre côté, ses adversaires politiques, allant du centre à la gauche, ont tenté de s’unir pour le renverser, mais ont également échoué à former un bloc suffisamment solide.

Cette impasse électorale reflète non seulement la division politique en Israël, mais aussi la polarisation croissante de la société israélienne. Les partisans de Netanyahou le soutiennent malgré les accusations de corruption qui pèsent contre lui, tandis que ses opposants voient en lui un obstacle à la démocratie et à la stabilité du pays.

Les coalitions fragiles et les gouvernements d’unité

Dans un effort pour sortir de l’impasse, Netanyahou a formé un gouvernement d’unité nationale avec son principal rival, Benny Gantz, après les élections de 2020. Cet accord prévoyait une rotation du poste de Premier ministre, Netanyahou occupant le poste pendant les 18 premiers mois, puis cédant la place à Gantz pour les 18 mois suivants. Cependant, cette coalition a rapidement montré ses limites.

Le gouvernement d’unité a été miné par des désaccords internes sur des questions clés, notamment le budget national et la gestion de la pandémie de COVID-19. Netanyahou, fidèle à sa réputation de tacticien politique, a utilisé ces désaccords pour affaiblir la position de Gantz et retarder la mise en œuvre de la rotation prévue. En décembre 2020, le gouvernement s’est effondré, entraînant de nouvelles élections en 2021.

Ces coalitions fragiles, souvent de courte durée, ont non seulement affaibli la gouvernance d’Israël, mais ont également exacerbé la méfiance du public envers les institutions politiques. Les Israéliens, lassés des élections répétées et de l’instabilité politique, ont exprimé leur frustration à l’égard de la classe politique dans son ensemble.

Les accusations de corruption et les manœuvres de Netanyahou

Parallèlement à la crise politique, Benyamin Netanyahou a dû faire face à des accusations de corruption qui ont ajouté une dimension personnelle à la lutte pour le pouvoir en Israël. En 2019, Netanyahou a été inculpé pour fraude, abus de confiance et corruption dans trois affaires distinctes. Ces affaires, surnommées “les affaires 1000, 2000 et 4000”, impliquent des accusations selon lesquelles Netanyahou aurait reçu des cadeaux de la part de riches hommes d’affaires en échange de faveurs politiques et médiatiques.

Malgré ces accusations, Netanyahou a maintenu son innocence, dénonçant ce qu’il appelle une “chasse aux sorcières” orchestrée par ses adversaires politiques et les médias. Il a utilisé ces accusations pour mobiliser sa base électorale, se présentant comme une victime des élites et des institutions judiciaires. Cette stratégie populiste a permis à Netanyahou de maintenir le soutien de ses partisans, malgré les scandales.

Pour Netanyahou, les accusations de corruption ont également été une source de motivation pour rester au pouvoir. En tant que Premier ministre, il bénéficie d’une immunité temporaire qui lui permet de retarder son procès. De nombreux observateurs politiques estiment que Netanyahou a utilisé sa position pour éviter d’affronter la justice, en manœuvrant pour retarder le processus judiciaire tout en consolidant son pouvoir politique.

La polarisation de la société israélienne

La crise politique en Israël sous Netanyahou a exacerbé les divisions au sein de la société israélienne. D’un côté, les partisans de Netanyahou, principalement issus de la droite religieuse et des colons, voient en lui un défenseur des intérêts d’Israël, un leader fort capable de faire face aux menaces extérieures. De l’autre, ses opposants le considèrent comme un obstacle à la démocratie, un politicien corrompu qui manipule les institutions pour rester au pouvoir.

Cette polarisation s’est manifestée lors des manifestations de masse contre Netanyahou, connues sous le nom de mouvement “Crime Minister”. Des milliers d’Israéliens sont descendus dans la rue pour réclamer la démission de Netanyahou et dénoncer la corruption au sein du gouvernement. Ces manifestations, qui se sont intensifiées pendant la pandémie, ont été le signe d’un mécontentement croissant à l’égard de la classe politique et de la gestion de la crise par le gouvernement.

En réponse, les partisans de Netanyahou ont organisé leurs propres rassemblements, dénonçant les manifestants comme des traîtres et affirmant que les accusations portées contre Netanyahou étaient exagérées. Cette polarisation a créé un climat de tension sociale en Israël, où les divisions politiques sont devenues plus profondes que jamais.

Les perspectives d’avenir pour Israël

Alors que Benyamin Netanyahou continue de lutter pour sa survie politique, l’avenir d’Israël reste incertain. L’instabilité politique et la polarisation de la société israélienne posent des défis majeurs pour la démocratie du pays. Les élections à répétition, les coalitions fragiles et les accusations de corruption ont sapé la confiance du public dans les institutions politiques, tandis que la gestion de la crise du COVID-19 a révélé les limites du leadership de Netanyahou.

Malgré ces défis, Netanyahou reste un tacticien politique redoutable, capable de déjouer ses adversaires et de mobiliser sa base électorale. Son avenir politique dépendra en grande partie de sa capacité à surmonter les accusations de corruption et à former une coalition stable. Si Netanyahou parvient à rester au pouvoir, il continuera probablement à façonner la politique israélienne pendant encore plusieurs années.

Cependant, si ses opposants réussissent à l’évincer, Israël pourrait entrer dans une nouvelle phase de son histoire politique, marquée par des tentatives de réformer les institutions politiques et de rétablir la confiance du public. Quoi qu’il en soit, la crise politique actuelle est un tournant pour Israël, et son issue aura des répercussions profondes sur l’avenir du pays.

Conclusion

La crise politique en Israël sous Benyamin Netanyahou reflète non seulement les divisions politiques profondes du pays, mais aussi la capacité de Netanyahou à manœuvrer dans un environnement politique incertain. En dépit des accusations de corruption et de l’instabilité gouvernementale, Netanyahou a réussi à se maintenir au pouvoir, en mobilisant ses partisans et en jouant sur les divisions de la société israélienne.

Cependant, cette stratégie a également fragilisé la démocratie israélienne et exacerbé la polarisation politique. Alors qu’Israël se prépare peut-être à de nouvelles élections, la question reste de savoir si Netanyahou pourra encore une fois déjouer ses adversaires, ou si le pays entrera dans une nouvelle ère politique, marquée par des réformes et une tentative de réconciliation nationale.