Benyamin Netanyahou et la montée du populisme en Israël : un leader au cœur de la polarisation politique

Benyamin Netanyahou a marqué l’histoire d’Israël non seulement par ses politiques, mais aussi par sa capacité à diviser l’opinion publique et à polariser le débat politique. À travers un style populiste et une rhétorique souvent clivante, Netanyahou a su mobiliser ses partisans tout en exacerbant les tensions entre les différents segments de la société israélienne. Cet article explore comment Netanyahou a adopté des stratégies populistes pour se maintenir au pouvoir et les conséquences de cette polarisation sur la démocratie israélienne.

Le populisme : une stratégie de pouvoir

Le populisme de Benyamin Netanyahou se manifeste par son discours centré sur le “peuple” israélien contre les “élites”, qu’elles soient politiques, judiciaires ou médiatiques. Depuis les années 2000, Netanyahou a régulièrement attaqué les institutions démocratiques d’Israël, en particulier les médias et le système judiciaire, les accusant d’être biaisés et de conspirer contre lui et contre le “peuple”. Cette rhétorique populiste, qui oppose une classe dirigeante corrompue à une majorité silencieuse, a joué un rôle central dans la consolidation de son pouvoir.

Netanyahou s’est également positionné en défenseur des classes populaires et des colons israéliens, qui voient en lui un leader prêt à protéger leurs intérêts contre les critiques internationales et les appels à la paix avec les Palestiniens. Il a utilisé des thèmes nationalistes pour galvaniser son électorat, notamment en insistant sur la sécurité d’Israël face aux menaces extérieures, telles que l’Iran et le terrorisme palestinien.

Cette stratégie populiste lui a permis de maintenir une base électorale solide, malgré les nombreuses enquêtes pour corruption qui le visaient. En se posant comme une victime des “élites” et des “ennemis de l’intérieur”, Netanyahou a réussi à détourner l’attention des accusations contre lui et à rassembler ses partisans autour de son leadership.

La division de la société israélienne

L’un des effets les plus marquants du populisme de Netanyahou a été la profonde division de la société israélienne. Au fil des années, les campagnes électorales de Netanyahou ont de plus en plus reposé sur une rhétorique de la peur et de la confrontation, visant à mobiliser les électeurs de droite tout en stigmatisant ses adversaires politiques. Les opposants à Netanyahou ont été régulièrement qualifiés de “traîtres” ou de “faibles”, et ses critiques ont été accusés de compromettre la sécurité d’Israël.

Cette polarisation a profondément fracturé la société israélienne, notamment entre les Israéliens juifs laïcs et religieux, entre les partisans de la colonisation et ceux qui soutiennent une solution à deux États, et entre les citoyens juifs et arabes d’Israël. Netanyahou a su exploiter ces divisions pour rallier les électeurs de droite, en jouant sur les peurs identitaires et en attisant les tensions communautaires.

En particulier, les relations entre les citoyens juifs et arabes d’Israël se sont détériorées sous le leadership de Netanyahou. En 2018, la loi sur l’État-nation, adoptée sous son gouvernement, a été perçue par beaucoup comme une législation discriminatoire qui marginalisait les citoyens arabes israéliens en affirmant qu’Israël était l’État-nation du peuple juif. Cette loi a renforcé les tensions ethniques en Israël et a été dénoncée par les défenseurs des droits de l’homme comme un coup porté à la démocratie israélienne.

Attaques contre les médias et le système judiciaire

L’une des caractéristiques du populisme de Netanyahou a été ses attaques répétées contre les médias et le système judiciaire israéliens. Dès son retour au pouvoir en 2009, Netanyahou a critiqué les médias israéliens, les accusant d’être biaisés contre lui et de soutenir ses adversaires politiques. Il a régulièrement qualifié les journalistes de “fauteurs de troubles” et a tenté de limiter la liberté de la presse en imposant des réformes qui auraient affaibli les médias publics.

Ces attaques contre les médias se sont intensifiées au fur et à mesure que les enquêtes pour corruption contre Netanyahou ont progressé. Dans une tentative de détourner l’attention des accusations, Netanyahou a lancé une campagne de dénigrement contre les journalistes, les qualifiant de “corrompus” et les accusant de mener une “chasse aux sorcières” contre lui.

Le système judiciaire a également été la cible des critiques de Netanyahou. Face aux accusations de corruption, il a dénoncé les juges et les procureurs, affirmant qu’ils faisaient partie d’un complot visant à le renverser. Netanyahou a présenté les procès comme une tentative de “coup d’État judiciaire”, et ses partisans ont organisé des manifestations de soutien devant les tribunaux.

Cette rhétorique populiste a affaibli la confiance du public dans les institutions démocratiques israéliennes. En sapant la légitimité des médias et du système judiciaire, Netanyahou a créé un climat de défiance généralisée à l’égard des institutions qui sont pourtant essentielles au fonctionnement d’une démocratie.

La mobilisation de la base électorale

Le populisme de Benyamin Netanyahou repose sur sa capacité à mobiliser sa base électorale, composée principalement de colons israéliens, de juifs religieux, de partisans du Likoud et d’Israéliens conservateurs. Netanyahou a su exploiter les peurs liées à la sécurité et à l’identité nationale pour rassembler ces électeurs autour de son leadership.

En particulier, Netanyahou a utilisé la question de la sécurité pour justifier ses politiques de colonisation et ses offensives militaires à Gaza. En présentant les Palestiniens comme une menace existentielle pour Israël, il a renforcé son image de leader fort et déterminé à protéger le pays. Cette rhétorique de la peur a été particulièrement efficace lors des campagnes électorales, où Netanyahou a souvent joué sur les divisions ethniques et religieuses pour mobiliser ses partisans.

En 2015, par exemple, Netanyahou a lancé un avertissement lors des élections, affirmant que les “Arabes israéliens se rendaient en masse aux urnes”, une déclaration largement perçue comme raciste et visant à inciter les électeurs juifs à voter pour le Likoud. Cette stratégie de mobilisation par la peur a renforcé la polarisation politique en Israël, en opposant les citoyens juifs aux citoyens arabes, et en exacerbant les tensions communautaires.

Les conséquences pour la démocratie israélienne

Le populisme de Netanyahou a eu des répercussions profondes sur la démocratie israélienne. En s’attaquant aux institutions démocratiques, en sapant la confiance du public dans les médias et le système judiciaire, et en divisant la société israélienne, Netanyahou a affaibli les fondements de la démocratie israélienne.

La polarisation politique qu’il a encouragée a rendu plus difficile la formation de gouvernements d’unité nationale ou de coalitions modérées. En 2019 et 2020, Israël a connu une série d’élections sans précédent, où aucun parti n’a été capable de former une majorité stable, en grande partie à cause de la polarisation provoquée par Netanyahou. Cette instabilité politique a affaibli le gouvernement israélien et a conduit à des blocages législatifs.

De plus, la montée du populisme sous Netanyahou a également exacerbé les tensions avec les Palestiniens, rendant toute perspective de paix encore plus lointaine. En encourageant la colonisation et en attisant les divisions ethniques, Netanyahou a compromis les efforts de négociation et a renforcé les méfiances entre les deux peuples.

Conclusion

Benyamin Netanyahou restera sans doute dans l’histoire comme l’un des leaders les plus polarisants d’Israël. En adoptant une stratégie populiste, il a su mobiliser une base électorale fidèle et renforcer son pouvoir, mais au prix de divisions profondes au sein de la société israélienne et d’un affaiblissement des institutions démocratiques.

La montée du populisme sous Netanyahou a transformé la politique israélienne, la rendant plus clivante et plus instable. Alors que Netanyahou continue de jouer un rôle central dans la politique israélienne, la question demeure de savoir si le pays pourra surmonter les fractures qu’il a créées et rétablir la confiance dans ses institutions démocratiques.