Benyamin Netanyahou et la question palestinienne : de la gestion du conflit à l’érosion de la paix

Depuis ses débuts en politique, Benyamin Netanyahou a adopté une approche pragmatique et souvent militarisée vis-à-vis de la question palestinienne. Sous sa direction, la politique israélienne a pris un tournant qui a vu la gestion du conflit palestinien devenir une priorité sécuritaire plutôt qu’une recherche active de paix. Bien que Netanyahou ait plusieurs fois exprimé son soutien à une solution à deux États, ses actions sur le terrain, notamment l’expansion des colonies et son refus de négocier avec les dirigeants palestiniens, ont contribué à l’érosion de tout espoir de paix. Cet article explore la manière dont Netanyahou a géré la question palestinienne et analyse les conséquences de ses politiques sur le processus de paix.

Une gestion du conflit plutôt qu’une solution

La politique de Benyamin Netanyahou vis-à-vis des Palestiniens s’est caractérisée par une gestion du conflit, plutôt que par une volonté de le résoudre. Contrairement à ses prédécesseurs, qui ont tenté à différents moments de négocier des accords de paix avec les Palestiniens, Netanyahou a adopté une approche plus conservatrice et sécuritaire, cherchant avant tout à maintenir la situation sous contrôle.

Dans ses discours, Netanyahou a souvent souligné les dangers auxquels Israël fait face, en particulier ceux liés au terrorisme et à l’instabilité dans la région. Il a régulièrement mis en avant la menace posée par le Hamas à Gaza et les groupes militants en Cisjordanie pour justifier ses politiques de sécurité strictes et ses actions militaires. Cette approche a permis à Netanyahou de renforcer son image de leader fort et déterminé à protéger Israël, même au prix de l’isolement diplomatique.

Toutefois, cette politique de gestion du conflit a également contribué à enraciner le statu quo, où les Palestiniens restent soumis à l’occupation militaire israélienne, avec peu d’espoir d’une solution politique viable. Plutôt que de chercher à négocier un accord de paix, Netanyahou a préféré maintenir une présence militaire en Cisjordanie et mener des opérations militaires périodiques à Gaza pour contenir les groupes militants.

Le soutien à une solution à deux États : entre paroles et actes

Bien que Benyamin Netanyahou ait déclaré à plusieurs reprises qu’il soutenait une solution à deux États, ses actions ont souvent contredit cette position. En 2009, dans un discours désormais célèbre à l’université Bar-Ilan, Netanyahou a déclaré qu’il acceptait en principe la création d’un État palestinien, mais sous des conditions strictes, notamment la démilitarisation de cet État et la reconnaissance de la nature juive d’Israël.

Cependant, depuis ce discours, peu de progrès ont été réalisés vers la réalisation de cette solution. Au contraire, sous le leadership de Netanyahou, l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie s’est intensifiée, rendant la création d’un État palestinien de plus en plus difficile. Cette expansion a fragmenté le territoire palestinien, avec des colonies israéliennes et des routes de contournement rendant toute continuité territoriale palestinienne quasiment impossible.

De plus, Netanyahou a systématiquement refusé de négocier avec les dirigeants palestiniens, qu’il considère comme non fiables ou affiliés à des groupes terroristes. L’Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, a souvent été marginalisée par Netanyahou, qui a préféré se concentrer sur les relations avec les États arabes et les États-Unis, plutôt que de chercher à relancer les négociations de paix.

Les opérations militaires à Gaza : la solution de la force

Sous la direction de Netanyahou, Israël a mené plusieurs opérations militaires à Gaza en réponse aux tirs de roquettes du Hamas. Ces opérations, notamment “Plomb durci” en 2008-2009, “Pilier de défense” en 2012 et “Bordure protectrice” en 2014, ont été justifiées par Netanyahou comme des actions de légitime défense pour protéger les citoyens israéliens des attaques du Hamas.

Bien que ces opérations aient permis de réduire temporairement les tirs de roquettes et de détruire une partie des infrastructures militaires du Hamas, elles n’ont pas réussi à apporter une solution durable au conflit. En effet, chaque opération a été suivie d’une reconstruction rapide des capacités militaires du Hamas, et les tensions entre Israël et Gaza restent vives.

Les conséquences humanitaires de ces opérations ont également été dévastatrices pour les Palestiniens vivant à Gaza. Des milliers de civils ont été tués ou blessés, et les infrastructures civiles, telles que les hôpitaux et les écoles, ont été gravement endommagées. Ces opérations militaires ont suscité une condamnation internationale, avec des accusations de crimes de guerre contre Netanyahou et l’armée israélienne.

Malgré ces critiques, Netanyahou a maintenu que les opérations militaires à Gaza étaient nécessaires pour garantir la sécurité d’Israël. Sa politique de la force, cependant, n’a fait que perpétuer le cycle de violence, sans apporter de solution politique à long terme pour Gaza ou pour le conflit israélo-palestinien dans son ensemble.

La normalisation avec les États arabes : un contournement de la question palestinienne ?

L’un des succès diplomatiques de Benyamin Netanyahou a été la normalisation des relations avec plusieurs États arabes, notamment les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc, grâce aux accords d’Abraham en 2020. Ces accords, négociés avec le soutien de l’administration Trump, ont marqué un tournant dans les relations israélo-arabes, en rompant avec la position traditionnelle selon laquelle la résolution de la question palestinienne était une condition préalable à toute normalisation avec Israël.

Pour Netanyahou, ces accords ont constitué une victoire diplomatique majeure, lui permettant de renforcer la position d’Israël au Moyen-Orient et de prouver que la normalisation avec les États arabes était possible sans faire de concessions sur la question palestinienne. En signant ces accords, Netanyahou a contourné la question palestinienne et renforcé son image de leader capable d’assurer la sécurité et la prospérité d’Israël.

Cependant, ces accords n’ont pas mis fin au conflit israélo-palestinien, et la situation sur le terrain reste inchangée. Bien que la normalisation avec certains États arabes ait apporté des avantages économiques et diplomatiques à Israël, elle n’a pas résolu les tensions avec les Palestiniens, ni offert de perspective de paix durable.

Les conséquences de la politique de Netanyahou sur la question palestinienne

La politique de Benyamin Netanyahou vis-à-vis des Palestiniens a eu des conséquences profondes, tant pour les Palestiniens que pour Israël. En adoptant une approche de gestion du conflit, plutôt que de chercher à le résoudre, Netanyahou a contribué à perpétuer le statu quo, où les Palestiniens vivent sous occupation, sans perspective claire d’indépendance ou de souveraineté.

Pour les Palestiniens, les années Netanyahou ont été marquées par une expansion continue des colonies, des opérations militaires récurrentes à Gaza et un isolement croissant sur la scène internationale. La marginalisation de l’Autorité palestinienne, combinée à l’absence de progrès vers une solution à deux États, a exacerbé la frustration et le désespoir des Palestiniens, rendant tout dialogue de paix encore plus difficile.

Pour Israël, la gestion du conflit a permis de garantir une relative sécurité à court terme, mais au prix d’une détérioration de l’image d’Israël à l’échelle internationale et d’un isolement diplomatique croissant, notamment en Europe. De plus, la poursuite de l’occupation et de la colonisation risque de compromettre à long terme le caractère démocratique et juif de l’État d’Israël, en renforçant les appels à une solution à un État, où les Palestiniens seraient privés de droits politiques.

Conclusion

La gestion du conflit palestinien par Benyamin Netanyahou a été marquée par une approche sécuritaire et militaire, avec peu de volonté de parvenir à un accord de paix durable. Bien que Netanyahou ait maintenu une stabilité relative en Israël, sa politique a contribué à enraciner le statu quo, tout en érodant la perspective d’une solution à deux États.

Alors que la question palestinienne reste une épine dans les relations internationales d’Israël, Netanyahou a réussi à détourner l’attention de cette question en normalisant les relations avec certains États arabes. Cependant, la résolution du conflit israélo-palestinien demeure un enjeu crucial pour l’avenir d’Israël, et les politiques de Netanyahou ont rendu cette résolution encore plus complexe.