Benyamin Netanyahou et l’expansion des colonies israéliennes : entre pression internationale et ambitions territoriales

Depuis son accession au pouvoir, Benyamin Netanyahou a joué un rôle central dans l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Cette politique d’expansion, qui constitue l’une des pierres angulaires de son programme politique, a suscité une condamnation quasi unanime de la communauté internationale. Cependant, malgré cette pression internationale croissante, Netanyahou a continué à soutenir et à promouvoir l’établissement de colonies dans les territoires occupés, au mépris des résolutions de l’ONU et du droit international.

Cet article examine les motivations de Netanyahou derrière l’expansion des colonies, l’impact de cette politique sur le processus de paix israélo-palestinien, ainsi que les conséquences diplomatiques pour Israël.

Un projet idéologique et stratégique

Pour Benyamin Netanyahou, l’expansion des colonies israéliennes relève à la fois d’une stratégie de sécurité nationale et d’une vision idéologique. Dans les discours de Netanyahou, la Cisjordanie, ou Judée-Samarie, est souvent présentée comme faisant partie intégrante du “Grand Israël”, une idée profondément ancrée dans l’histoire et les récits religieux du peuple juif. Cette approche s’inscrit dans une vision nationaliste qui considère que les Juifs ont un droit historique et divin à vivre sur l’ensemble de la Terre d’Israël.

Sur le plan stratégique, Netanyahou a fait valoir à plusieurs reprises que l’expansion des colonies est cruciale pour la sécurité d’Israël. Selon lui, la présence de colonies juives en Cisjordanie empêche la formation d’un État palestinien hostile et sert de barrière contre les menaces potentielles provenant des pays voisins. Cette approche militarisée de la colonisation est soutenue par une grande partie de la droite israélienne, qui considère les colonies comme un élément clé de la défense nationale.

Cependant, cette vision idéologique et stratégique se heurte à la réalité du droit international. La colonisation des territoires occupés, y compris Jérusalem-Est, est considérée comme illégale par la communauté internationale, en vertu de la Convention de Genève. En dépit de cela, Netanyahou a poursuivi une politique agressive de construction de nouvelles colonies, avec le soutien de ses alliés politiques et de nombreux colons israéliens.

Les conséquences pour le processus de paix

L’une des principales conséquences de l’expansion des colonies sous Netanyahou est l’impact négatif sur le processus de paix israélo-palestinien. Depuis les accords d’Oslo en 1993, l’idée d’une solution à deux États – Israël et la Palestine coexistant côte à côte – est considérée comme le fondement de tout accord de paix durable. Cependant, la poursuite de la colonisation compromet gravement cette perspective.

La Cisjordanie est aujourd’hui morcelée en une multitude d’enclaves, séparées par les colonies israéliennes, les routes de contournement et les barrages militaires. Cette fragmentation territoriale rend extrêmement difficile la création d’un État palestinien viable, avec une continuité territoriale. En soutenant l’expansion des colonies, Netanyahou a donc contribué à éroder la faisabilité de la solution à deux États, au point où certains observateurs parlent d’une “solution à un État” où Israël exercerait un contrôle total sur l’ensemble du territoire, tout en maintenant les Palestiniens sous occupation.

Pour les Palestiniens, l’expansion des colonies est non seulement une violation de leur droit à l’autodétermination, mais aussi une source quotidienne d’oppression. Les colonies s’accompagnent souvent de confiscations de terres, de démolitions de maisons palestiniennes et de restrictions sévères à la liberté de mouvement. Cela exacerbe les tensions sur le terrain et renforce la méfiance des Palestiniens envers tout processus de négociation avec Israël.

La pression internationale

L’expansion des colonies sous Netanyahou a suscité une condamnation quasi unanime de la communauté internationale. Les Nations Unies, l’Union européenne et plusieurs gouvernements, dont celui des États-Unis sous certaines administrations, ont réitéré à de nombreuses reprises leur opposition à la colonisation. En 2016, la résolution 2334 du Conseil de sécurité de l’ONU a explicitement condamné les colonies israéliennes et appelé Israël à cesser toute activité de colonisation dans les territoires occupés.

Malgré cette pression internationale, Netanyahou a continué de soutenir les colonies, souvent en utilisant une rhétorique de défiance à l’égard de la communauté internationale. Il a accusé les Nations Unies de biais anti-israélien et affirmé qu’Israël ne se laisserait pas dicter sa politique par des acteurs extérieurs. Sous son leadership, Israël a poursuivi ses projets de construction, en particulier à Jérusalem-Est, où de nouvelles unités de logement ont été annoncées régulièrement.

Les États-Unis, traditionnellement un allié clé d’Israël, ont également exprimé leur opposition à la colonisation sous plusieurs administrations. Cependant, l’administration de Donald Trump a adopté une position beaucoup plus favorable à Israël, en reconnaissant Jérusalem comme la capitale d’Israël et en approuvant tacitement l’expansion des colonies. Cela a renforcé Netanyahou dans sa politique de colonisation, malgré les critiques internationales.

Une politique intérieure électoraliste

Il est important de noter que l’expansion des colonies sous Netanyahou est également motivée par des considérations de politique intérieure. Les colons israéliens et leurs partisans constituent une base électorale clé pour Netanyahou et le Likoud. En soutenant la construction de nouvelles colonies et en défendant leurs droits, Netanyahou renforce son soutien parmi les électeurs de droite et les partis religieux.

À plusieurs reprises, Netanyahou a utilisé la question des colonies pour mobiliser son électorat lors des campagnes électorales. En 2020, par exemple, alors qu’il faisait face à une opposition croissante et à des accusations de corruption, Netanyahou a promis d’annexer officiellement certaines parties de la Cisjordanie, y compris la vallée du Jourdain. Cette annonce a été perçue par beaucoup comme une tentative de rallier sa base en vue des élections, même si l’annexion n’a finalement pas été mise en œuvre en raison des accords de normalisation avec certains pays arabes.

Les conséquences diplomatiques pour Israël

Si l’expansion des colonies a renforcé la popularité de Netanyahou parmi son électorat, elle a également eu des conséquences diplomatiques négatives pour Israël. En plus de l’isolement croissant d’Israël sur la scène internationale, la colonisation a également compliqué les relations d’Israël avec plusieurs pays arabes. Bien que les accords d’Abraham aient normalisé les relations avec des États comme les Émirats arabes unis et Bahreïn, la question palestinienne reste un obstacle majeur à une paix durable avec l’ensemble du monde arabe.

Les critiques de la politique de colonisation affirment que Netanyahou sacrifie les perspectives de paix à long terme au profit de gains politiques à court terme. En érodant la possibilité d’une solution à deux États, il risque de transformer Israël en un État où des millions de Palestiniens vivent sous occupation sans droits politiques, ce qui pourrait avoir des répercussions désastreuses sur la démocratie israélienne et sa réputation internationale.

Conclusion

L’expansion des colonies sous Benyamin Netanyahou a profondément transformé la géographie politique et diplomatique d’Israël. En poursuivant une politique de colonisation agressive, Netanyahou a compromis les perspectives de paix avec les Palestiniens et exacerbé l’isolement d’Israël sur la scène internationale. Malgré les critiques, il continue de soutenir les colonies, à la fois pour des raisons idéologiques et stratégiques, mais aussi pour des considérations politiques internes.

Alors que la colonisation se poursuit, la question reste de savoir si Netanyahou parviendra à concilier ses ambitions territoriales avec les exigences d’une paix durable, ou si sa politique conduira à un conflit prolongé et à une polarisation accrue au sein de la société israélienne et dans ses relations internationales.