Benyamin Netanyahou face aux critiques internationales : un dirigeant isolé ou stratège calculé ?

out au long de sa carrière, Benyamin Netanyahou a fait l’objet de nombreuses critiques de la part de la communauté internationale pour ses politiques, notamment concernant les colonies israéliennes, les offensives militaires à Gaza, et les négociations avec les Palestiniens. Malgré ces critiques, Netanyahou a su rester au pouvoir pendant de nombreuses années, en utilisant une combinaison de stratégie diplomatique, de rhétorique nationaliste et de relations personnelles avec des dirigeants influents, notamment aux États-Unis. Cet article explore comment Netanyahou a navigué entre les critiques internationales et ses propres objectifs politiques, et s’interroge sur la nature de son leadership : est-il un dirigeant isolé ou un stratège calculé ?

La question des colonies : une source de tension majeure

L’un des points de friction les plus importants entre Benyamin Netanyahou et la communauté internationale a été la question des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Depuis des décennies, l’expansion des colonies a été perçue par de nombreux pays et organisations internationales comme une violation du droit international. Les résolutions des Nations Unies, notamment la résolution 2334, adoptée en 2016, ont condamné les colonies comme un obstacle majeur à la paix entre Israéliens et Palestiniens.

Netanyahou, cependant, a systématiquement rejeté ces critiques. Pour lui, les colonies ne sont pas seulement une question de politique, mais aussi une question de droits historiques du peuple juif sur la Terre d’Israël. Il a régulièrement affirmé que les colonies étaient légitimes et nécessaires pour garantir la sécurité d’Israël. En ce sens, Netanyahou a réussi à rallier une grande partie de la droite israélienne à sa cause, tout en s’attirant les foudres de la communauté internationale.

Face aux critiques, Netanyahou a souvent adopté une attitude de défi. Il a dénoncé ce qu’il appelle un “biais anti-israélien” au sein des Nations Unies et a critiqué les pays européens pour leur soutien aux Palestiniens. En 2017, il a qualifié les résolutions de l’ONU de “non pertinentes”, affirmant qu’elles ne changeraient en rien la politique israélienne sur les colonies.

Les offensives militaires à Gaza : des accusations de crimes de guerre

Les offensives militaires menées par Israël à Gaza sous le leadership de Netanyahou ont également suscité de vives critiques internationales. En 2008-2009, 2012, 2014 et 2021, Israël a lancé des opérations militaires à grande échelle à Gaza, en réponse aux tirs de roquettes du Hamas. Bien que Netanyahou ait justifié ces opérations comme étant des actions de légitime défense, les organisations internationales de défense des droits de l’homme ont accusé Israël d’utiliser une force disproportionnée, causant de lourdes pertes civiles parmi les Palestiniens.

Ces opérations militaires ont donné lieu à des accusations de crimes de guerre, notamment de la part de la Cour pénale internationale (CPI). En 2021, la CPI a ouvert une enquête sur les crimes de guerre présumés commis à Gaza, ainsi que sur la politique de colonisation en Cisjordanie. Netanyahou a fermement rejeté la légitimité de cette enquête, affirmant que la CPI n’avait aucune juridiction sur Israël, qui n’est pas membre de la Cour.

En réponse aux critiques internationales, Netanyahou a souvent utilisé une rhétorique nationaliste, affirmant qu’Israël avait le droit de se défendre contre les attaques terroristes. Il a également accusé la communauté internationale de faire preuve d’hypocrisie, en ne condamnant pas les violences commises par le Hamas et d’autres groupes militants palestiniens.

La relation avec les États-Unis : un allié clé

L’un des facteurs qui a permis à Benyamin Netanyahou de résister aux critiques internationales est sa relation privilégiée avec les États-Unis, en particulier sous les administrations républicaines. Sous Donald Trump, Netanyahou a bénéficié d’un soutien sans précédent de la part des États-Unis, notamment avec la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem en 2018.

Cette relation étroite avec les États-Unis a permis à Netanyahou de contourner les critiques internationales et d’isoler ses adversaires au sein des Nations Unies. Le soutien américain a également permis à Israël d’éviter les sanctions internationales qui auraient pu être imposées en réponse aux politiques de colonisation ou aux offensives militaires à Gaza.

Cependant, cette dépendance à l’égard des États-Unis a également eu des conséquences négatives pour Netanyahou sur la scène internationale. De nombreux pays européens et organisations internationales ont critiqué l’administration Trump pour son alignement inconditionnel sur Israël, et cela a isolé Israël diplomatiquement. Bien que Netanyahou ait réussi à consolider ses relations avec certains pays arabes grâce aux accords d’Abraham, la question palestinienne reste un point de discorde majeur dans la région.

Le populisme et la rhétorique de la victimisation

Une autre stratégie utilisée par Netanyahou pour faire face aux critiques internationales a été sa rhétorique populiste et sa victimisation. Netanyahou s’est souvent présenté comme un leader assiégé, faisant face à une communauté internationale hostile et biaisée contre Israël. Il a utilisé cette rhétorique pour rallier sa base électorale et renforcer son image de défenseur des intérêts israéliens.

Dans ses discours, Netanyahou a souvent accusé les critiques internationales d’antisémitisme, affirmant qu’Israël était jugé selon des normes différentes des autres pays. Cette stratégie a été particulièrement efficace pour galvaniser les électeurs de droite en Israël, qui se méfient des institutions internationales et des critiques extérieures.

Cette rhétorique populiste a également permis à Netanyahou de détourner l’attention des accusations de corruption qui pèsent contre lui. En se présentant comme une victime des élites internationales et des médias, il a réussi à rallier ses partisans autour de son leadership, malgré les scandales.

Les conséquences de l’isolement international

Bien que Benyamin Netanyahou ait réussi à maintenir son pouvoir malgré les critiques internationales, son isolement diplomatique croissant a eu des répercussions pour Israël. En Europe, les relations avec plusieurs pays se sont détériorées en raison des politiques de colonisation et des offensives militaires à Gaza. L’Union européenne, en particulier, a exprimé à plusieurs reprises sa désapprobation des actions israéliennes et a appelé à des sanctions contre les produits issus des colonies.

L’isolement international d’Israël a également renforcé les appels au boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), un mouvement mondial qui appelle à des actions économiques contre Israël pour protester contre l’occupation des territoires palestiniens. Bien que Netanyahou ait qualifié ce mouvement d’antisémitisme, son impact sur l’image internationale d’Israël est indéniable.

Sur le long terme, cet isolement diplomatique pourrait avoir des conséquences négatives pour Israël, notamment en termes de coopération internationale et d’investissements étrangers. En outre, l’incapacité à résoudre le conflit israélo-palestinien continue de peser sur les relations d’Israël avec ses voisins arabes, malgré les succès des accords d’Abraham.

Conclusion : un stratège ou un leader isolé ?

Benyamin Netanyahou a réussi à rester au pouvoir pendant de nombreuses années, malgré les critiques internationales et les accusations de crimes de guerre. Son habileté à naviguer dans un environnement diplomatique complexe, notamment grâce à ses relations avec les États-Unis, montre qu’il est un stratège calculé, capable de défendre les intérêts d’Israël tout en s’attirant les critiques.

Cependant, cette stratégie a également eu des conséquences négatives pour Israël, notamment en termes d’isolement international et de détérioration des relations avec plusieurs pays européens. La question reste de savoir si Netanyahou pourra continuer à maintenir cette posture de défi face à la communauté internationale, ou si l’isolement croissant d’Israël finira par affaiblir sa position.

Alors que Netanyahou continue de jouer un rôle central dans la politique israélienne, il devra trouver un équilibre entre ses ambitions personnelles, les intérêts nationaux d’Israël et les exigences de la diplomatie internationale, sous peine de voir Israël se retrouver de plus en plus isolé sur la scène mondiale.