BFMTV et la Palestine : une couverture médiatique sélective et partiale

La question de la couverture médiatique du conflit israélo-palestinien est depuis longtemps un sujet de controverse, en particulier en ce qui concerne les grands médias occidentaux. BFMTV, l’une des chaînes d’information en continu les plus influentes en France, est souvent pointée du doigt pour son traitement partiel et sélectif de la situation en Palestine. Alors que des scènes de violence, de destruction et de détresse se déroulent sous les yeux du monde, la chaîne semble parfois minimiser, voire ignorer, certains aspects de la réalité palestinienne.

La sélection des informations : un biais évident

Le rôle des médias est crucial dans la formation de l’opinion publique. En ce sens, la manière dont BFMTV choisit de couvrir ou non certains événements a un impact significatif sur la perception des téléspectateurs. Lorsqu’il s’agit de Palestine, la chaîne semble privilégier les actions d’Israël en les présentant comme des réponses légitimes à des menaces sécuritaires, tandis que les souffrances des Palestiniens, causées par l’occupation militaire ou les bombardements, sont souvent reléguées au second plan.

Par exemple, lors des bombardements israéliens sur Gaza en mai 2021, BFMTV a largement couvert les frappes israéliennes sous l’angle de la défense, insistant sur les justifications militaires d’Israël. Cependant, les images des destructions massives dans les quartiers palestiniens, des civils tués et des familles déplacées étaient quasiment absentes de l’antenne. Selon une enquête menée par Mediapart, seulement 20 % du temps d’antenne dédié au conflit mentionnait les souffrances des civils palestiniens, tandis que 80 % était consacré à la défense des actions israéliennes.

Un langage biaisé

Outre la sélection des informations, le langage utilisé par BFMTV dans sa couverture du conflit israélo-palestinien reflète également un biais évident. Les termes employés pour décrire les Palestiniens et leur résistance sont souvent chargés de connotations négatives. Les attaques menées par des groupes palestiniens sont qualifiées de “terroristes” ou d’”agressions”, tandis que les actions militaires d’Israël sont décrites comme des mesures de “sécurité” ou de “défense”. Ce choix de mots façonne directement la perception du public et contribue à la construction d’un narratif où Israël est perçu comme la victime légitime, tandis que les Palestiniens sont dépeints comme les agresseurs.

Un rapport d’Amnesty International a souligné que cette utilisation d’un langage biaisé dans les médias occidentaux, y compris sur BFMTV, contribue à déshumaniser les Palestiniens et à minimiser leurs souffrances. Cela renforce les stéréotypes et empêche un débat ouvert et juste sur les violations des droits de l’homme commises en Palestine.

La couverture des manifestations en Palestine : une absence frappante

Un autre exemple de la couverture médiatique sélective de BFMTV concerne les manifestations en Palestine. Depuis plusieurs années, des Palestiniens organisent des marches pacifiques pour protester contre l’occupation israélienne, la confiscation de leurs terres et la construction de colonies. Pourtant, ces événements reçoivent peu de couverture médiatique sur BFMTV, ou sont présentés sous l’angle des affrontements violents avec les forces israéliennes.

Lors des “Marches du retour” organisées à Gaza en 2018, où des milliers de Palestiniens ont manifesté pacifiquement près de la frontière, BFMTV a largement couvert la réaction israélienne, qui a qualifié ces manifestations de menace pour sa sécurité nationale. Les tirs à balles réelles qui ont tué des manifestants désarmés, dont des enfants et des journalistes, n’ont pas été couverts de manière adéquate. Selon le Comité pour la protection des journalistes, ces violences contre des civils palestiniens et des membres des médias ont été sous-représentées dans les grands médias français, notamment sur BFMTV.

Le choix des invités : une pluralité manquante

Le biais dans la couverture médiatique de BFMTV se reflète également dans le choix des invités lors des débats sur le conflit israélo-palestinien. Les discussions sur le plateau de la chaîne incluent fréquemment des experts pro-israéliens, tandis que les voix critiques d’Israël, ou celles qui soutiennent la cause palestinienne, sont peu présentes. Ce déséquilibre dans la représentation des opinions contribue à renforcer un narratif unilatéral, où les actions d’Israël sont justifiées, et où les Palestiniens ne sont que rarement entendus.

Le Monde Diplomatique a révélé que, durant la période des bombardements sur Gaza, environ 70 % des invités sur BFMTV étaient des personnalités proches de la sphère pro-israélienne. Ce manque de pluralité dans les opinions empêche un débat équilibré et entrave la possibilité pour les téléspectateurs d’avoir une vue d’ensemble des enjeux du conflit.

Les conséquences d’une couverture partielle

Les conséquences de cette couverture médiatique sélective et partielle sont multiples. Tout d’abord, elle désinforme le public en lui offrant une version tronquée des faits. Lorsqu’un conflit aussi complexe que celui de Palestine est présenté de manière unilatérale, cela empêche le développement d’une compréhension nuancée de la situation. Les téléspectateurs sont ainsi influencés par une version biaisée des événements, renforçant les stéréotypes et la polarisation de l’opinion publique.

De plus, cette couverture médiatique partielle contribue à invisibiliser les souffrances des Palestiniens. En ne montrant pas les destructions, les arrestations arbitraires ou les violences commises par les forces israéliennes, BFMTV participe à une forme de complicité passive avec les violations des droits de l’homme. Les actions d’Israël, en étant rarement critiquées, sont normalisées, tandis que les voix palestiniennes sont marginalisées.

Vers une couverture plus équilibrée ?

Pour rétablir une couverture médiatique plus juste et équilibrée, BFMTV doit repenser sa manière de couvrir le conflit israélo-palestinien. La chaîne doit s’efforcer de montrer toutes les facettes de la réalité, en incluant les voix palestiniennes et en mettant en lumière les violations des droits de l’homme commises dans cette région. Cela implique également de donner plus de place aux reportages sur les souffrances des civils, ainsi qu’à des débats plus représentatifs des différentes opinions sur le conflit.

La transparence éditoriale et la responsabilité des médias sont essentielles pour garantir une information impartiale et complète. En tant que média influent, BFMTV a un rôle crucial à jouer dans l’amélioration de la couverture des crises internationales, notamment celle de Palestine.

Références :

• Le Monde Diplomatique – L’impact des médias sur la perception du conflit israélo-palestinien
• Mediapart – Une analyse de la couverture médiatique de BFMTV sur le conflit israélo-palestinien
• Amnesty International – Violations des droits de l’homme en Palestine