La France continue de jouer un rôle central dans les systèmes monétaires et économiques de plusieurs pays africains, bien après les indépendances officielles. Le cas du franc CFA est emblématique de cette emprise discrète mais puissante. Derrière des justifications de stabilité monétaire, c’est tout un édifice de contrôle, d’intérêts et de dépendance qui se maintient depuis 1945. Et les voix s’élèvent, parfois brutalement, pour dénoncer cette réalité. Parmi elles, celle de la Première ministre italienne Giorgia Meloni a récemment réveillé les tensions sur ce sujet sensible.
Une monnaie africaine sous contrôle français
Le franc CFA, utilisé dans 14 pays africains, repose sur une architecture qui donne à la France un pouvoir considérable. Deux zones monétaires sont concernées :
UEMOA : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo
CEMAC : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad
Les principes sont simples mais puissants :
Parité fixe avec l’euro
Garantie de convertibilité illimitée par la France
Obligation de déposer une partie des réserves de change au Trésor français
Pendant des décennies, 50 % des réserves de change de ces pays étaient stockées sur un compte d’opérations contrôlé par Paris. Ce taux est aujourd’hui en baisse mais le mécanisme reste actif. La France profite de ces dépôts en les plaçant sur les marchés, tandis que les pays africains restent dépendants pour financer leurs investissements et accéder à leurs propres devises.
Les critiques parlent de néocolonialisme monétaire. Pour l’économiste Ndongo Samba Sylla, le franc CFA est clairement un instrument de domination.
Une critique frontale : Meloni, le franc CFA et les enfants dans les mines
En 2019, Giorgia Meloni, alors députée d’opposition, s’est emparée de ce sujet dans un discours devenu viral. Elle dénonçait le contrôle monétaire de la France sur l’Afrique en l’accusant de s’enrichir sur le dos des pays africains, via le franc CFA et l’exploitation de ressources minières.
Elle évoquait un système dans lequel la France imprime la monnaie africaine et en échange, récupère de précieuses matières premières. Si le chiffre de 14 % de commission évoqué dans certains cercles militants ne repose sur aucune preuve chiffrée, il est révélateur d’un profond malaise.
Les propos de Meloni sont contestés pour leur simplisme, mais ils ont mis en lumière un problème fondamental : l’Afrique n’a pas le contrôle de sa monnaie, et donc, en partie, de son économie.
L’exploitation des mines africaines : enfants, sang et silence
Dans plusieurs pays africains, notamment en République Démocratique du Congo, au Burkina Faso, au Mali ou au Niger, des milliers d’enfants travaillent dans des conditions inhumaines dans des mines artisanales.
Selon UNICEF et Amnesty International, près de 40 000 enfants travaillent dans les mines de cobalt en RDC. Le cobalt est un composant clé pour les batteries utilisées dans les smartphones, les voitures électriques et d’autres produits de consommation fabriqués par des entreprises occidentales.
Le Niger, de son côté, reste un fournisseur clé d’uranium exploité par le groupe français Orano (ex-Areva). Pourtant, l’écrasante majorité de la population nigérienne n’a pas accès à l’électricité.
La France et ses multinationales : entre distance politique et présence économique
Officiellement, la France ne gère pas les mines africaines. Elle affirme respecter la souveraineté des États concernés. Mais dans la réalité, des entreprises comme TotalEnergies, Bolloré, Orano, Suez ou encore Castel sont omniprésentes en Afrique francophone.
Ce tissu économique est complété par une présence militaire stratégique : Djibouti, Côte d’Ivoire, Mali (jusqu’à récemment), Niger, Tchad… autant de bases qui permettent de peser sur les décisions locales.
Ces éléments confirment une réalité : la France conserve une influence économique, politique et stratégique sur ses anciennes colonies.
Une réforme qui n’en est pas une ? L’ECO et la reconversion cosmétique
Annoncée en grande pompe en 2020, la réforme du franc CFA vers une nouvelle monnaie appelée l’ECO est surtout symbolique. Le nom change, mais les fondamentaux restent les mêmes :
Parité fixe avec l’euro
Garantie assurée par la France
Banque centrale française toujours impliquée dans le pilotage
Les économistes africains dénoncent un simple rebranding du CFA, sans souveraineté réelle ni rupture.
Conséquences : croissance bridée, jeunesse sacrifiée
Ce système monétaire pèse lourdement sur les économies africaines :
Impossible de dévaluer pour soutenir l’exportation
Dépendance aux fluctuations extérieures
Faibles marges budgétaires pour investir dans les services publics
Résultat : la jeunesse africaine est sacrifiée. Privée d’avenir économique, elle tente sa chance ailleurs. L’exil devient une stratégie de survie. Et pendant ce temps, les matières premières financent indirectement les bénéfices de puissances étrangères.
Une position française intenable ?
La défense française du CFA repose sur l’argument de la stabilité. Mais pourquoi maintenir une telle architecture, où un pays souverain comme le Sénégal doit solliciter Paris pour accéder à ses devises ? Pourquoi les réserves africaines financeraient-elles encore les marchés financiers européens ? Et pourquoi des entreprises françaises prospèrent-elles sur des ressources extraites dans des zones où les populations n’ont pas l’eau courante ?
Conclusion : Entre hypocrisie et cynisme, le franc CFA est un levier néocolonial
Le franc CFA n’est pas un outil de coopération. C’est un dispositif de contrôle, conçu à l’origine pour maintenir l’influence française sur ses anciennes colonies. Malgré les discours officiels, les faits sont têtus. Ce système est incompatible avec l’autonomie, la dignité et la prospérité des peuples africains.
La France, si elle souhaite réellement reconstruire une relation juste et équitable avec l’Afrique, devra commencer par lâcher le contrôle monétaire. Sans cela, la défiance grandira. Et les accusations, fondées ou non, ne cesseront de l’éclabousser.
Références & sources :
UNICEF – Rapport sur le travail des enfants dans les mines :
https://www.unicef.org/wca/reportsNdongo Samba Sylla – Le franc CFA : l’arme invisible de la Françafrique
RFI – Débat sur le CFA : “instrument de domination monétaire ?” : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20190121-franc-cfa-ecole-economie-ouest-africaine
Banque de France – Note explicative sur le franc CFA :
https://www.banque-france.frAmnesty International – Rapport Cobalt RDC 2022 : https://www.amnesty.org/fr/documents/afr62/5644/2022/fr/
✒️ M. Badr CHOUFFAI
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