Kabylie : la résistance oubliée du terrorisme islamiste et les promesses trahies d’Alger

« L’histoire est écrite par ceux qui tiennent la plume, mais les véritables héros n’attendent pas les honneurs pour exister. »

1. 1991 : Le chaos annoncé

En décembre 1991, l’Algérie plonge dans l’inconnu. Le Front Islamique du Salut (FIS), parti islamiste radical, remporte haut la main le premier tour des législatives. Pour le régime, c’est la panique. L’armée annule les élections, dissout le FIS et enclenche une spirale de violence.

Débute alors ce que l’histoire retiendra comme la “décennie noire”. Des groupes islamistes armés comme le GIA sèment la terreur : assassinats ciblés, attentats à la bombe, massacres de civils. Le pays vit sous la menace permanente de l’obscurantisme religieux.

2. Kabylie : le maquis républicain

Alors que de nombreuses régions se retrouvent sous l’emprise des islamistes, une zone résiste : la Kabylie. Les villages berbères, fiers de leur identité, refusent de plier face à la barbarie.

Des citoyens, parfois sans formation militaire, s’organisent en groupes d’autodéfense. Ils patrouillent, protègent, repoussent les incursions. Les maquisards kabyles, descendants de ceux qui avaient combattu le colonialisme, affrontent maintenant une autre forme de tyrannie.

« Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux. » — Emiliano Zapata

3. Une trahison d’État

Face à cette bravoure, le régime promet. Il flatte la Kabylie, parle de reconnaissance, d’autonomie culturelle, de soutien économique. Mais ces promesses ne seront jamais tenues.

Pire : en 2001, lors du Printemps Noir, l’État réprime violemment les manifestations pacifiques kabyles. Résultat : 128 morts, des jeunes pour la plupart, abattus par des balles réelles. La Kabylie, déjà sacrifiée dans la lutte contre l’intégrisme, est de nouveau trahie — cette fois par ceux qui prétendaient la protéger.

4. Un peuple doublement victime

Dans l’imaginaire collectif algérien, la Kabylie reste souvent marginalisée. Le pouvoir central, centralisé et arabisé, refuse toujours de reconnaître pleinement la langue amazighe, malgré son officialisation tardive et symbolique.

Les investissements publics en Kabylie restent faibles. Les infrastructures sont vétustes. Le chômage bat des records. Et pourtant, c’est cette même région qui a tenu tête aux balles des terroristes… et à celles de l’État.

« On reconnaît la grandeur d’un peuple à sa capacité à se dresser face à l’injustice, même quand elle vient de ses propres dirigeants. »

5. Le silence complice

Aujourd’hui, les manuels scolaires algériens passent sous silence le rôle de la Kabylie durant la décennie noire. Aucune cérémonie nationale, aucun hommage digne, aucune reconnaissance officielle.

Ce silence n’est pas un oubli. C’est un choix politique. Celui de taire une vérité dérangeante : ce ne sont pas les blindés d’Alger qui ont sauvé la République, mais les fusils rouillés et le courage sans faille de simples villageois kabyles.

6. Résister, encore et toujours

La Kabylie n’a pas besoin de reconnaissance pour continuer à exister. Elle vit dans ses traditions, sa langue, sa musique, sa poésie, sa diaspora. Elle continue à dénoncer les injustices, à porter haut la liberté de conscience, la laïcité, les droits de l’Homme.

Mais le devoir de mémoire, lui, incombe à tous. Car une nation qui oublie ses vrais héros est une nation condamnée à les trahir une seconde fois.

« Le plus grand crime, c’est de savoir et de se taire. » — Albert Einstein