Les alliances de Benyamin Netanyahou avec l’extrême droite israélienne

Au fil des années, Benyamin Netanyahou a su maintenir une emprise durable sur la politique israélienne, en partie grâce à sa capacité à nouer des alliances stratégiques avec différents groupes politiques. Parmi ces alliances, celles avec l’extrême droite israélienne ont joué un rôle clé dans son maintien au pouvoir. Ces alliances, souvent controversées, ont permis à Netanyahou de consolider son pouvoir au sein du gouvernement, mais elles ont également polarisé la société israélienne et exacerbé le conflit israélo-palestinien. Cet article explore comment Netanyahou a utilisé l’extrême droite pour renforcer son influence et quelles en sont les conséquences à long terme pour Israël et la région.

Le rapprochement avec les partis d’extrême droite

Dès le début de son mandat en tant que Premier ministre, Benyamin Netanyahou a cherché à établir des alliances avec des partis d’extrême droite en Israël, dont l’idéologie est marquée par le nationalisme, l’expansionnisme et une opposition farouche à la création d’un État palestinien. Parmi les principaux alliés de Netanyahou, on trouve des partis tels que le Parti sioniste religieux, Otzma Yehudit (Puissance Juive), et Yamina. Ces partis partagent une vision d’Israël comme un État juif indivisible, s’opposant à toute concession territoriale et prônant une politique de colonisation agressive.

En formant des coalitions avec ces partis, Netanyahou a pu garantir une majorité parlementaire et rester au pouvoir, même lorsque son propre parti, le Likoud, était affaibli. Cette stratégie a permis à Netanyahou de gouverner malgré les enquêtes judiciaires qui pesaient contre lui et les critiques internationales concernant ses politiques.

Cependant, ce rapprochement avec l’extrême droite a eu des conséquences profondes pour la politique israélienne. Les partis d’extrême droite ont obtenu une influence croissante au sein des gouvernements de coalition dirigés par Netanyahou, ce qui a conduit à des politiques de plus en plus dures envers les Palestiniens et à un affaiblissement des perspectives de paix.

La politique de colonisation encouragée par l’extrême droite

L’une des principales conséquences de l’alliance de Netanyahou avec l’extrême droite est l’intensification de la colonisation des territoires palestiniens occupés. Les partis d’extrême droite en Israël soutiennent non seulement la colonisation, mais certains d’entre eux appellent également à l’annexion totale de la Cisjordanie. Netanyahou a répondu favorablement à ces demandes en autorisant la construction de nouvelles colonies et en étendant les colonies existantes.

Sous la pression de ses alliés d’extrême droite, Netanyahou a approuvé des projets de construction dans des zones stratégiques de la Cisjordanie, rendant de plus en plus difficile la création d’un État palestinien viable. En 2020, Netanyahou a même proposé un projet d’annexion de certaines parties de la Cisjordanie, bien que ce projet ait été suspendu sous la pression internationale.

La politique de colonisation, encouragée par l’extrême droite, a exacerbé les tensions avec les Palestiniens et entraîné des violences régulières entre colons israéliens et habitants palestiniens. Ces tensions ont également conduit à des critiques internationales croissantes, notamment de la part de l’Union européenne et des Nations Unies, qui considèrent les colonies comme une violation du droit international.

L’influence religieuse sur la politique israélienne

En plus de son alliance avec les partis nationalistes, Benyamin Netanyahou s’est également rapproché des partis religieux ultra-orthodoxes, qui exercent une influence importante sur la politique israélienne. Ces partis, tels que Shas et le Judaïsme unifié de la Torah, ont joué un rôle clé dans la consolidation du pouvoir de Netanyahou, en échange de concessions sur des questions religieuses et sociales.

Les partis ultra-orthodoxes, tout comme l’extrême droite, s’opposent fermement à toute concession territoriale et soutiennent la colonisation des territoires occupés. Cependant, leur influence va au-delà des questions de sécurité et de colonisation. Sous les gouvernements de Netanyahou, ces partis ont obtenu des avantages économiques et sociaux pour leurs communautés, tels que des financements pour les écoles religieuses et des exemptions du service militaire pour les étudiants en yeshiva.

Cette influence religieuse croissante a polarisé la société israélienne, en particulier entre les Israéliens laïcs et religieux. Les laïcs accusent Netanyahou de céder aux exigences des ultra-orthodoxes au détriment des libertés civiles et de l’égalité des droits. Par exemple, les tensions sur la conscription militaire, les transports publics pendant le Shabbat et la reconnaissance des mariages civils ont régulièrement divisé la société israélienne.

Les discours incendiaires et la montée des tensions

L’une des stratégies clés de Netanyahou pour maintenir le soutien de l’extrême droite a été l’utilisation de discours nationalistes et incendiaires. Lors de ses campagnes électorales, Netanyahou a souvent attisé les peurs liées à la sécurité d’Israël et au “danger arabe” pour mobiliser ses électeurs. En 2015, par exemple, il a averti que les “Arabes se rendaient en masse aux urnes”, un commentaire largement perçu comme raciste et visant à inciter les électeurs juifs à se rendre aux bureaux de vote pour soutenir le Likoud.

Ces discours incendiaires ont renforcé les divisions ethniques et religieuses en Israël, exacerbant les tensions entre Juifs et Arabes israéliens. L’extrême droite, en particulier Otzma Yehudit, a régulièrement utilisé une rhétorique anti-arabe dans ses discours politiques, allant jusqu’à prôner l’expulsion des Palestiniens des territoires occupés.

En légitimant ces discours et en les intégrant dans sa propre rhétorique politique, Netanyahou a contribué à normaliser des attitudes extrémistes au sein de la société israélienne. Cette polarisation a également eu un impact sur la politique intérieure, rendant plus difficile la formation de gouvernements d’unité nationale ou de coalitions modérées.

Les répercussions internationales des alliances avec l’extrême droite

L’alliance de Netanyahou avec l’extrême droite israélienne a également eu des répercussions sur la scène internationale. Les politiques de colonisation et les discours nationalistes ont été vivement critiqués par la communauté internationale, notamment par les pays européens et les organisations de défense des droits de l’homme. Ces critiques ont isolé Israël diplomatiquement et ont renforcé les appels à des sanctions contre le pays, notamment dans le cadre du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).

Les alliances de Netanyahou avec l’extrême droite ont également compliqué les relations avec les États-Unis, en particulier sous l’administration Biden, qui a exprimé son désaccord avec la politique de colonisation israélienne. Bien que Netanyahou ait bénéficié d’un soutien fort de la part de l’administration Trump, notamment avec la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, les tensions avec l’administration Biden reflètent un changement de dynamique dans les relations israélo-américaines.

Les relations d’Israël avec le monde arabe ont également été affectées. Si les accords d’Abraham ont permis une normalisation des relations avec certains États du Golfe, l’alliance de Netanyahou avec l’extrême droite a rendu plus difficile tout progrès vers une résolution du conflit israélo-palestinien, un sujet central pour de nombreux pays arabes.

Les conséquences pour la démocratie israélienne

Les alliances de Benyamin Netanyahou avec l’extrême droite et les partis religieux ont eu des répercussions profondes sur la démocratie israélienne. En permettant à des groupes extrémistes d’accéder à des postes de pouvoir, Netanyahou a contribué à l’érosion de la modération politique en Israël. La polarisation croissante de la société israélienne, exacerbée par les discours incendiaires et les politiques nationalistes, a fragilisé les institutions démocratiques du pays.

De plus, la politique de colonisation, soutenue par l’extrême droite, a éloigné toute perspective de paix avec les Palestiniens. En encourageant l’annexion de territoires et en bloquant la création d’un État palestinien, Netanyahou a compromis les chances d’une solution à deux États, qui reste pourtant la meilleure option pour une paix durable dans la région.

Enfin, la montée de l’extrême droite en Israël a également exacerbé les tensions entre Juifs et Arabes israéliens, mettant en danger la coexistence pacifique au sein du pays. Les discours de haine et les violences interethniques ont augmenté ces dernières années, en grande partie à cause de la normalisation des attitudes racistes dans le discours public.

Conclusion : une stratégie de pouvoir aux conséquences lourdes

Les alliances de Benyamin Netanyahou avec l’extrême droite israélienne ont renforcé son emprise sur le pouvoir, mais elles ont également eu des conséquences lourdes pour la société israélienne et pour les perspectives de paix dans la région. En légitimant des groupes extrémistes et en adoptant des politiques de plus en plus nationalistes, Netanyahou a polarisé la société, fragilisé la démocratie israélienne, et compromis les relations d’Israël avec la communauté internationale.

Alors que Netanyahou continue de jouer un rôle clé dans la politique israélienne, les répercussions de ses alliances avec l’extrême droite se font sentir à tous les niveaux, tant sur la scène nationale qu’internationale. Les divisions qu’il a encouragées risquent de laisser une empreinte durable sur Israël et sur l’ensemble du Moyen-Orient.